La photographie est la mémoire de la lumière, son fossile. Et la photographie est l’histoire de la mémoire.
Pour le moment, cette conclusion, même provisoire, me satisfait.
Daido Moriyama / Mémoires d’un chien p. 135
Boyan Drenec
La photographie est la mémoire de la lumière, son fossile. Et la photographie est l’histoire de la mémoire.
Pour le moment, cette conclusion, même provisoire, me satisfait.
Daido Moriyama / Mémoires d’un chien p. 135
J’ai plutôt la sensation que toutes les cellules de mon corps bruissent, s’inclinent vers ces myriades de pétales enflammés. Je me sens étourdi, incapable de me concentrer et de conserver ma sérénité. Pendant toute cette période, la perception des fleurs de cerisier ocvupe un coin de mon cœur. Une image délirante de l’archipel m’obsède alors : les fleurs de cerisier se propagent, envahissent tout le Japon, telles des bactéries pathogènes. D’innombrables gens au visage inexpressif, sans yeux ni rien, se bousculent, grouillent sous ces arbres, et une sorte de folie passagère traverse le pays…
Daido Moriyama / Mémoires d’un chien p. 132
Et si le goût proverbial des japonais pour la photographie était une réaction devant la vitesse à laquelle leur paysage urbain se métamorphosait, après guerre ? Une pulsion de préservation du vécu, ou au moins de sa mémoire…
Moriyama le laisse entendre dans Mémoires d’un chien, quand il raconte ses voyages aux sources de son enfance et son désarroi en constatant son incapacité à reconnaître les lieux. Le contraire d’un déjà-vu, écrit-il.
Les souvenirs nocturnes ont quelque chose de triste. Cela n’a pas forcément à voir avec les blessures du cœur : le soulagement apporté par la lumière et la crainte provoquée par l’obscurité sont une malédiction qui a toujours existé et qui est intrinsèque à l’homme.
Daido Moriyama / Mémoires d’un chien p. 49
Me voilà sur le point de m’endormir pour ma deuxième nuit en Bretagne. Le break que j’ai loué à d’une part l’avantage d’être juste assez grand pour me permettre de dormir à l’arrière, mais aussi de bénéficier du bruit du vent qui souffle dans les interstices de la carrosserie. Le bord de mer breton a du vent à revendre. On comprend mieux toutes les éoliennes.
Je ne suis pas à l’aise au volant. J’ai probablement trop peu conduit dans ma vie, et ce ne sont pas quelques périples clairsemés qui y changeront grand chose, j’imagine. Mais bon, je suis en tout cas d’une prudence de papy.
Dormir dans une voiture, au bord de mer, à l’écart de la route, peut sembler excitant, mais c’est aussi un peu angoissant. On se sent vulnérable, fragile. Et on l’est.
Ces pensées éparses peuvent sembler un petit peu morose, mais ces deux premières journées ont aussi été superbes. La lumière bretonne qu’a cherché Gauguin n’est pas une légende : je l’ai vue — ou plutôt entraperçue. Voire, simplement devinée, ce qui est malgré tout un bon début.
À tous les êtres humains amateurs de photographie qui en ressentaient confusément le manque, une nouvelle page Flickr apportera quelque raison de se réjouir. Krutenau est un groupe public de photos personnelles — pas de cartes postales — du quartier Krutenau à Strasbourg. C’est le premier et le seul groupe de ce genre, et j’en suis l’unique membre (tout ça pour le moment, bien sûr).
Le photographe japonais Daidō Moriyama expose dans le documentaire « Near equal » (Kenjirô Fujii, 2001) son premier contact avec un appareil photo numérique.
Ça semble ne pas se passer trop mal…
… la plupart du temps.
Je n’accepte aucune ségrégation, celle de l’âge pas plus que les autres. Il y a ceux qui sont vieux, leur vie durant. D’autres qui sont jeunes de cœur. Il y en a qui changent. Et puis il y a les photos qu’on fait comme on peut, quand on peut, où l’on peut.
Henri Cartier-Bresson
via Hervé Guibert / La photo, inéluctablement p. 391
Et l’acte photographique peut devenir très vite une sorte de folie, d’aveuglement, de tic, d’annulation de l’existence : car à chaque seconde, sur chaque mètre carré de tous les points du globe, il se forme une situation photographique qui se transforme en petit désespoir si on ne la possède pas. Tous les visages, tous les arbres, tous les murs, tous les mouvements ont un intérêt et une beauté photographiques ; et chaque parcelle de la Terre sera doublée d’un petit objectif qui mitraillera, seconde après seconde ; tous les pores de l’homme seront munis de loupes, de lentilles et de grands angles, si l’on mène un jour la passion photographique à son terme.
Hervé Guibert / La photo, inéluctablement p. 148
Le constat du quasi arrêt de ma pratique du dessin me pose depuis quelque temps la question de l’orientation de mon site artistique. L’investissement dans la photographie débouche sur la création d’un site spécifiquement dédié à cette dernière.
Après quelques tergiversations, et après avoir envisagé la plateforme Squarespace, je reste avec WordPress, ayant fini par admettre qu’un jour je ferai appel à un sous-traitant pour mettre à jour la base de données. Je suis habitué à l’interface et les fonctionnalités de WordPress me conviennent.
Tout est opérationnel maintenant, et l’hébergeur Gandi a fait de réels progrès pour ce qui est de l’activation d’un blog WordPress — une fois la base de données activée (le gros du boulot la première fois, après elle peut servir plusieurs blogs — jusqu’à 200 en fait !).
L’ancien site globulot.fr, qui représente mon travail de bande dessinée, d’illustration et de graphisme, restera en ligne et sera complété au fil du temps. Peut-être.
Bref, place aux Carnets de l’ombre.