Gare de Colmar, je suis en bout de quai A et je prends quelques photos, m’aventurant sur un bout de voie ferrée en friche et en cul-de-sac. Je m’y autorise avec un léger sentiment d’interdit, mais la situation à l’écart, la fin d’après-midi champêtre dédramatisent à tel point l’atmosphère que je n’y pense pas plus que ça.
Après avoir pris quelques photos, je reviens vers le milieu du quai, le train pour Strasbourg ne va plus tarder. Un contrôleur se dirige vers moi et je sens venir la réprimande, etc. Je me prépare mentalement à m’obliger à ne pas réagir de manière primaire, et je vaque à mon vagabondage en continuant à dériver vers lui.
Je l’avais imaginé plus incisif mais il tente l’agressivité retenue : il me demande avec un courroux rentré si j’ai l’autorisation d’être là.
Tout en reconnaissant vaguement, solaire et détendu, que c’est interdit, je réplique par un vague geste de la main et un akoibon : je minimise l’incident en lui faisant valoir un possible excès de rigidité dans l’application du règlement.
Il contre-attaque : la dangerosité extrême du lieu.
Oui mais cul-de-sac, dis-je, vitesse très faible, voire arrêt ! Danger ? Hmm… difficile.
Ah ! Mais câbles de 25 000 Volts, Monsieur !
Nous serions en danger sur les quais mêmes ?
Non, bien sûr, car le câble tombe verticalement (il n’est pas déplacé par le vent, ni ne se tord sous l’effet de voltages insensés), etc.
Et puis il ne faut pas donner le mauvais exemple, point.