Latence de déchiffrage

Leica DLux-8

Certaines images nécessitent un instant pour en extraire le sens ; on n’en perçoit pendant une seconde qu’un chaos indéchiffré.

Le Comte de Monte-Cristo

Alexandre Dumas, LE COMTE DE MONTE-CRISTO

« Quant à l’encre, dit Faria, vous savez comment je procède ; je la fais à mesure que j’en ai besoin.

— Maintenant je m’étonne d’une chose, dit Dantès, c’est que les jours vous aient suffi pour toute cette besogne.

— J’avais les nuits, répondit Faria. 

— Les nuits ! êtes-vous donc de la nature des chats et voyez-vous clair pendant la nuit ?

— Non ; mais Dieu a donné à l’homme l’intelligence pour venir en aide à la pauvreté de ses sens : je me suis procuré de la lumière.

— Comment cela ?

— De la viande qu’on m’apporte je sépare la graisse, je la fais fondre et j’en tire une espèce d’huile compacte. Tenez, voilà ma bougie. »

Et l’abbé montra à Dantès une espèce de lampion, pareil à ceux qui servent dans les illuminations publiques.

« Mais du feu ?

— Voici deux cailloux et du linge brûlé.

— Mais des allumettes ?

— J’ai feint une maladie de peau, et j’ai demandé du soufre, que l’on m’a accordé. »

Dantès posa les objets qu’il tenait sur la table et baissa la tête, écrasé sous la persévérance et la force de ce esprit.

Alexandre Dumas, LE COMTE DE MONTE-CRISTO, La chambre de l’abbé p. 172

Natureville

Leica D-Lux 8

Instagram me fatigue

Je réfléchis à une méthode pour me désengager d’Instagram. Pourquoi le voudrais-je ? Parce que les algorithmes d’hypnose zombificatrice dont Meta fait le cœur d’intention d’Instagram sont désormais un peu trop efficaces et mon « temps de cerveau disponible » en pâtit.

J’ai pensé à dépoussiérer mon compte Flickr. Ce serait une solution intéressante du fait que la publicité y est beaucoup moins envahissante — surtout dans la version payante me semble-t-il, version payante qui est désormais obligatoire pour moi, qui ai atteint la limite de mille photos déposées. On conserve le bénéfice d’une structure de type réseau social, un avantage de taille pour rendre visible son travail. La difficulté de cette option réside dans son coût, d’un peu moins de quatre-vingt euros par an. Je cherche actuellement à réduire la voilure de mes dépenses, alors sans le rejeter complètement, je vais provisoirement mettre au frais cet outil.

Deuxième option : réactiver la page blog de mon site WordPress. Elle est en jachère depuis un an au moins, mais parfaitement opérationnelle. Elle a l’avantage d’une esthétique sobre qui me convient, sans même insister sur l’absence de publicité. Son point faible est bien sûr la déconnexion d’un réseau social ; la seule manière de découvrir mon site serait par le truchement de rencontres, d’expositions, bouche à oreille, publications, etc. Son gros point fort est qu’elle offre un support de publication sans frais additionnels.

2023.20-27

Kodak Portra 400, Industar 50mm f/3,5

J’ai été hier soir à un barbecue de solstice d’hiver, organisé par R. Ça n’était pas tout à fait un barbecue classique, puisqu’il y avait des huîtres, du chili con carne et du pudding aux oranges de Sicile. Il pleuvait, on était serrés sous un précaire toit de garden-party — ça, pour un 22 décembre à Strasbourg, c’était d’un classicisme à toute épreuve.

Comme les autres fois c’était détendu, on a pu échanger quelques bavardages de complologie, quelques blagues, potaches ou non, et en ce qui me concerne, me laisser bercer par la chaleur du brasero. À la fin, on a jeté les vaisselle en carton, les couverts en balsa et les bouteilles en plastique dans le feu en se riant des écologistes castrateurs.

Ce matin Pancho m’a réveillé à grands coups de langue sur le visage. Je crois parfois qu’il me prend pour son chiot et qu’il tient à faire ma toilette après une nuit encombrée de rêves étranges.

Poussé hors du lit par le grognard, j’arrive donc au Café Bretelles, où je lâche trois blagues coup sur coup (dites-donc l’esprit mal tourné, là au fond, j’ai bien dit « blagues »). Mes blagues étaient plutôt marrantes, alors on me demande ce que j’ai fumé. Au fond oui, qu’y avait-il dans ce chili ? D’où vient cette patate ?

ps/ Les huîtres, ça crépite en brûlant.

2023.19-20

Kodak Portra 400, Jupiter 3 50mm f/1,5 v.4

Tiens, j’ai envie de la dédier à Pentti Sammallahti cette photo. Il y a une distance au sujet qui me rappelle certaines de ses photos ; peut-être plus précisément celle, fameuse, du chien qui s’étire en adoptant une courbure similaire à l’arbre qui le surplombe.