Bilan

Je me suis laissé aller à faire un tour d’horizon et un bilan de ma vie. À mon actif, je peux me targuer d’être encore vivant et même en bonne santé, ce qui n’est pas si mal. Par contre, je n’ai atteint aucun des objectifs que je me suis fixé au cours de cette existence. Illustration, graphisme, écriture, photographie… beaucoup de chimères et aucun accomplissement. Pas un livre, pas une expo, rien. Je n’ai pas d’existence matérielle, un fantôme peut-être, une potentialité, vraisemblablement.

J’en suis là aujourd’hui : je dois changer quelque chose à la formule que j’ai suivi jusqu’ici. Cette formule m’a bien servi à préserver mon intégrité, mais en ne prenant pas de risque, on crève à petit feu. Comme disait Einstein, seuls les fous croient qu’en répétant indéfiniment la même action, ils finiront par obtenir un résultat différent. La stagnation m’a rattrapé voici plusieurs années, je décide solennellement de mettre fin à ce régime. Je vais changer certaines choses, des petites pour commencer et puis de plus ambitieuses. Par exemple, j’éteins tous mes écrans à 22 heures. Applications téléphoniques et internet sont conçus pour fasciner et capturer le temps de cerveau de leurs usagers. Sans nier leur utilité, leur légitimité ou leur intérêt,  je vais par exemple abandonner ces soirées séries télé jusqu’à tard dans la nuit. Désormais, le soir,  je vais dessiner, lire, écrire, réfléchir, préparer ma journée du lendemain.

Le plus important, la pierre angulaire de tout édifice de cette envergure est le suivant : je vais me forcer quand je n’aurai pas vraiment envie. Cette chose étrange que j’ai toujours refusée par principe. Je vais me forcer à faire quelque chose de fatigant que je sais être indispensable pour atteindre un objectif que je désire.

Rendez-vous dans un an.

Je commence à fatigru

Depuis une semaine j’hésite. Ma tête oscille à haute fréquence entre deux extrêmes que tout oppose, sans parvenir à effondrer la fonction d’onde. Je louche sur un beau boîtier argentique (j’en vois un qui rigole), mais mon « autre » cerveau fait valoir que c’est trop cher. Ce en quoi il n’a pas tort. D’un certain point de vue, cependant… toutefois… et c’est reparti pour un tour de montagnes russes : tergiversations, hésitations, biais cognitifs et revirements s’emploient à me tourmenter.

Bref, je patine dans la semoule.

Aéroport

Je suis en nage.

Les contrôles de bagages, de passeport, de carte d’embarquement… me stressent déraisonnablement.

Plus tard, j’ai vu un groupe de cinq gaillards : un homme mûr accompagné de trois jeunes hommes et d’un adolescent qui auraient pu être ses fils. Ils m’ont fait penser à Mangeclous, d’Albert Cohen. Équipage d’apparence hétéroclite se composant d’individus étrangement définis et au physique coloré. Leurs habits étaient banals, voire pauvres, mais eux irradiaient comme des gitans de Kusturica.