On y va

Ça n’est pas évident de s’autoriser des journées entières d’abandon total au farniente, avec autant de capacité d’agir qu’un fétu de paille dans l’océan. On se met à cogiter, nécessairement, et si, comme c’est mon cas, les vieux démons toquent à ma porte, on peut passer quelques mauvais quarts d’heure. La lecture et le visionnage de vidéos atténuent leurs morsures au prix, probablement, d’une certaine déconnection avec la réalité.

Par contre, le jour d’après, les batteries sont chargées à bloc et on a le désir d’entreprendre et de vivre intensément. Je pense que c’est le contrecoup de la longue journée de marche dans les dunes de Tottori et dans le parc d’Ochidani. Il faudrait que je sois un peu plus résistant à l’effort physique.

J’ai laissé mon écharpe à l’auberge, mais je crois que je confonds 11° (température maximum aujourd’hui) avec 17°.

Rien

Je reste à l’auberge, m’occupe des photos prises à Tottori et regarde des entretiens Thinkerview : Cédric Villani, Idriss Aberkane et Frédéric Taddéï sont plus quelconques que celui avec Stiegler que j’ai regardé hier. Les conférences de Barrau étaient elles aussi bien plus intéressantes.

Rien

Je passe la journée au lit et regarde la fin de la saison 3 du Bureau des légendes, un entretien sur la chaîne web Thinkerview du philosophe Bernard Stiegler, une conférence du cosmologiste Aurélien Barrau…

Journée plumard (encore)

Il semble que mes réserves d’énergie soient à 50 % en ce moment. Une journée au lit, suivie d’une journée d’exploration. C’est pas un rendement extraordinaire, mais voyons le bon côté des choses :  je ne suis pas menacé par le burn-out.

Pour ma défense, je veux me ménager pour préparer mon mid-week (week-end en milieu de semaine) à Tottori, pour y voir les dunes géantes. Je pars demain pour deux jours, et en plein mois de février ça sera quasi désert.

Voir des dunes désertes au Japon, ça le fait grave, non ?

Musée International du Manga de Kyoto

© Boyan Drenec

Il est évidemment frustrant d’être entouré de mangas qu’on est incapable de lire, mais j’ai aussi vu au Musée International du Manga de Kyoto une intéressante expo sur la bande dessinée québécoise, depuis le tout début du XXe siècle à nos jours — avec de surcroît des commentaires traduits en français. Dans une salle de lecture de mangas pour enfants, où il est nécessaire d’enlever ses chaussures, il y avait des albums géants qui mesuraient jusqu’à environ 80 cm sur 50 cm ! Le seul que je connaissais était Les trois brigands de Tomi Ungerer. On pouvait aussi y voir une belle collection de Babar, écrits entièrement en hiragana et katakana, ce qui en fait la meilleure des méthodes pour se familiariser avec ces alphabets. À noter aussi l’expo Entre illusion et réalité, de trois mangaka femmes : Nishitani Yoshiko, Ohya Chiky et Hatsu Akiko. J’ai été frappé par un choix esthétique de Nishitani Yoshiko : elle dessine à ses personnages des yeux immenses remplis d’étoiles. C’est déconcertant de radicalité. Toutes les demi-heures, un spectacle de kamishibai est proposé au public : une jeune femme racontait une histoire et amusait le public en s’aidant d’un tableau et de panneaux illustrés. Elle était animée d’une énergie assez impressionnante, et le statut de gaikokujin qui était censé me protéger dans un cocon d’incommunicabilité ne m’a pas été d’un grand secours quand il a fallu dire tout haut et de façon intelligible d’où je venais, comment dire « bonjour  » et « je vous aime » en français, pour qu’elle puisse le faire répéter à toute la petite salle.

Les mangas sont consultables sur place, et c’est truffé de lecteurs partout. On est quelque part entre le musée et la bibliothèque (sans prêt). J’aurais aimé montrer plus de choses mais la seule chose qu’il est autorisé de photographier est le symbole du musée, le Phénix, oiseau de feu d’Osamu Tezuka.

À la boutique, je me suis acheté un t-shirt de Godzilla.

Journée sans photo

Je n’ai pas fait grand chose aujourd’hui. Me caler au fond de mon plumard, puis, vers 2 heures de l’après-midi, aller prendre un café et des toasts beurrés au Café Steps. J’y ai un peu travaillé le classement de mes photos. Malgré un deuxième café, ça a été une journée sans énergie et je suis rentré tôt, pour regarder River, une série policière britannique pas trop mauvaise. Je me suis couché comme je me suis levé, fatigué.

Café Veloce

© Boyan Drenec

© Boyan Drenec

Encore un café bien fourni en prises de courant, parfait pour s’installer et travailler, à deux pas de la gare centrale de Kyoto — et mitoyen d’un Lawson.

Precious coffee moments

© Boyan Drenec

Un grand café où on ne fait pas d’express, mais des hand drip coffees, c’est-à-dire des cafés filtre (faut-il un « s » à filtre ?). L’endroit est parfait pour y travailler, le jazz ambiant est discret et c’est truffé de prises de courant — et de gens qui bossent sur leur ordi.

Ça n’est pas aussi facile que je le croyais de n’avoir personne avec qui échanger. Dans mes souvenirs, c’était plus simple en 1995, quand je suis parti en Inde. Est-ce parce que j’étais plus jeune et que le contact était plus évident, ou bien l’accès à internet atténue-t-il la morsure de la solitude et le désir de rencontre ?

Dorayaki au macha

© Boyan Drenec

Entre deux biscuits délicats et moelleux, une pâte de macha qui n’a pas l’air très sucrée au premier abord, et qui se révèle l’être après une ou deux minutes dans la bouche. C’est très frais, sans être froid. C’est oishii.