Y Pub & Hostel

© Boyan Drenec

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Un capsule-hostel près de la gare de Tottori. Rien à redire, vraiment ; c’est propre, confortable, bien situé et pas très cher. J’en parle parce que c’est la première fois que je vais dormir dans une de ces fameuses capsules. Ça n’est en réalité pas très différent de lits superposés fermés par des panneaux en bois, mais l’effet « Tintin sur la Lune » est bien là.

Journée plumard (encore)

Il semble que mes réserves d’énergie soient à 50 % en ce moment. Une journée au lit, suivie d’une journée d’exploration. C’est pas un rendement extraordinaire, mais voyons le bon côté des choses :  je ne suis pas menacé par le burn-out.

Pour ma défense, je veux me ménager pour préparer mon mid-week (week-end en milieu de semaine) à Tottori, pour y voir les dunes géantes. Je pars demain pour deux jours, et en plein mois de février ça sera quasi désert.

Voir des dunes désertes au Japon, ça le fait grave, non ?

Musée International du Manga de Kyoto

© Boyan Drenec

Il est évidemment frustrant d’être entouré de mangas qu’on est incapable de lire, mais j’ai aussi vu au Musée International du Manga de Kyoto une intéressante expo sur la bande dessinée québécoise, depuis le tout début du XXe siècle à nos jours — avec de surcroît des commentaires traduits en français. Dans une salle de lecture de mangas pour enfants, où il est nécessaire d’enlever ses chaussures, il y avait des albums géants qui mesuraient jusqu’à environ 80 cm sur 50 cm ! Le seul que je connaissais était Les trois brigands de Tomi Ungerer. On pouvait aussi y voir une belle collection de Babar, écrits entièrement en hiragana et katakana, ce qui en fait la meilleure des méthodes pour se familiariser avec ces alphabets. À noter aussi l’expo Entre illusion et réalité, de trois mangaka femmes : Nishitani Yoshiko, Ohya Chiky et Hatsu Akiko. J’ai été frappé par un choix esthétique de Nishitani Yoshiko : elle dessine à ses personnages des yeux immenses remplis d’étoiles. C’est déconcertant de radicalité. Toutes les demi-heures, un spectacle de kamishibai est proposé au public : une jeune femme racontait une histoire et amusait le public en s’aidant d’un tableau et de panneaux illustrés. Elle était animée d’une énergie assez impressionnante, et le statut de gaikokujin qui était censé me protéger dans un cocon d’incommunicabilité ne m’a pas été d’un grand secours quand il a fallu dire tout haut et de façon intelligible d’où je venais, comment dire « bonjour  » et « je vous aime » en français, pour qu’elle puisse le faire répéter à toute la petite salle.

Les mangas sont consultables sur place, et c’est truffé de lecteurs partout. On est quelque part entre le musée et la bibliothèque (sans prêt). J’aurais aimé montrer plus de choses mais la seule chose qu’il est autorisé de photographier est le symbole du musée, le Phénix, oiseau de feu d’Osamu Tezuka.

À la boutique, je me suis acheté un t-shirt de Godzilla.

Clamp Coffee Sarasa

© Boyan Drenec

© Boyan Drenec

© Boyan Drenec

© Boyan Drenec

Pas loin du château de Nijo, le Clamp Coffee Sarasa se dévoile au fond d’une cour d’immeuble. Le décor en planches de bois à peine poncées, vernies et de murs en béton franchement brut, est chaleureux, une mélodie apaisée, au piano, nous accueille envévitant toute brusquerie. Les signes d’un coffee shop de qualité s’affichent avec un éclat discret. Une grande table commune indique que les japonais ont brillamment importé le concept alsacien du stammtisch. Une planche devant les vitres et des tabourets inconfortables offrent une meilleure vue.

Je choisis un café filtre d’origine tanzanienne, en pensant à Ruky, une ancienne collègue de l’Apple Store de Covent Garden, qui était née là-bas.

Sans verser dans l’excès, il est un peu plus torréfié que les cafés du Bretelles ; il garde suffisamment de fruité avec une saveur un peu plus grillée, et peut-être un peu moins de corps, de manière générale. La comparaison est cependant hasardeuse entre un goût et le souvenir de goûts multiples…

La gourmandise me pousse à prendre un autre café, un Mandheling d’Indonésie cette fois. Celui-ci est amer, on dirait de la chicorée, pourrait dire un marseillais de Pagnol. En deuxième rideau arrive un surprenant goût de fruit, peut-être de la mangue.

Je suis une bombe de caféine.

Journée sans photo

Je n’ai pas fait grand chose aujourd’hui. Me caler au fond de mon plumard, puis, vers 2 heures de l’après-midi, aller prendre un café et des toasts beurrés au Café Steps. J’y ai un peu travaillé le classement de mes photos. Malgré un deuxième café, ça a été une journée sans énergie et je suis rentré tôt, pour regarder River, une série policière britannique pas trop mauvaise. Je me suis couché comme je me suis levé, fatigué.

Café Veloce

© Boyan Drenec

© Boyan Drenec

Encore un café bien fourni en prises de courant, parfait pour s’installer et travailler, à deux pas de la gare centrale de Kyoto — et mitoyen d’un Lawson.

Precious coffee moments

© Boyan Drenec

Un grand café où on ne fait pas d’express, mais des hand drip coffees, c’est-à-dire des cafés filtre (faut-il un « s » à filtre ?). L’endroit est parfait pour y travailler, le jazz ambiant est discret et c’est truffé de prises de courant — et de gens qui bossent sur leur ordi.

Ça n’est pas aussi facile que je le croyais de n’avoir personne avec qui échanger. Dans mes souvenirs, c’était plus simple en 1995, quand je suis parti en Inde. Est-ce parce que j’étais plus jeune et que le contact était plus évident, ou bien l’accès à internet atténue-t-il la morsure de la solitude et le désir de rencontre ?

Dorayaki au macha

© Boyan Drenec

Entre deux biscuits délicats et moelleux, une pâte de macha qui n’a pas l’air très sucrée au premier abord, et qui se révèle l’être après une ou deux minutes dans la bouche. C’est très frais, sans être froid. C’est oishii.

Le peintre d’éventail

Peindre un éventail, n’était-ce pas ramener sagement l’art à du vent ?

p. 29

— C’est là que je vis, répondit l’autre. Nous sommes deux moines et cinq chats sur l’îlot.

p. 33

Matabei savait maintenant que les vrais maîtres vivent et meurent ignorés et qu’on ne pouvait espérer plus belle équité en ce monde.

p. 35

Toujours appuyé sur le bâton d’Osaki, un pan de sa chemise contre sa tempe, il se dit qu’il lui serait plus facile de rencontrer un bouddha en enfer qu’un être humain dans ses parages — à moins de s’asseoir trois années sur une pierre.

p. 103

Il s’agissait maintenant de faire le mort, longtemps, longtemps, comme une roche irradiée au césium.

p. 116

— Pourquoi quitterais-je ce paradis ? Il ne me manque rien ici, je peux même me glorifier de la compagnie d’un singe, un macaque que j’ai soigné et qui revient me voir à l’insu de sa tribu.

p. 119

Hubert Haddad / LE PEINTRE D’ÉVENTAIL

Tatamisation

Un gaikokujin (abrégé en gaijin) qui rejette son identité et qui veut devenir plus japonais que les Japonais a été tatamisé.

Un équivalent local de l’américanisation, en quelque sorte.

Le 28mm, c’est athlétique

Je pars visiter le temple d’Inari, aux 10 000 torii, avec un petit grand angle de 28 mm fabriqué par Miyazaki-san.

Hé ben c’est coriace, pour un habitué du 50 mm. Il y a trop de choses à gérer dans le cadre, il faut regarder autrement. Voir les grandes masses plutôt que les surfaces.